Ma tribune dans le JDD : « Les mobilités au cœur et à l’épreuve de la crise »

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Les mobilités sont au cœur et à l’épreuve de la crise

Ma tribune dans le JDD du 19 avril 2020 – Photo : JDD/AFP

« Les mobilités humaines sont au centre de la pandémie de Covid-19, à la fois coupables de sa propagation et victimes du confinement qui les met à l’arrêt. Ce confinement réduirait de près de 60% les émissions de CO2 en Europe et entrouvre un rapport nouveau à la proximité et au télétravail. Pourtant, sa fin pourrait paradoxalement se traduire par un retour aux mobilités les moins vertueuses et par un ralentissement de la trajectoire environnementale que nous nous sommes fixés.

Nos choix de mobilité affronteront un ennemi inconnu jusqu’alors : la peur d’être contaminé. La levée du confinement entrainera-t-elle la volonté de se déplacer moins loin et moins souvent ? De délaisser les transports collectifs au profit de l’usage individuel de la voiture ? D’abandonner pour un temps le covoiturage, les mobilités partagées (voiture, vélo, scooters, trottinettes) voire les taxis et VTC ? Autant de changements de comportements auxquels nous devons nous préparer collectivement. La sécurité sanitaire et la confiance seront les conditions du retour des passagers. Il en va de l’avenir des mobilités propres, durables et partagées dont nous avons fait une priorité, au prix de choix ambitieux et de lourds investissements, récemment concrétisés avec la réforme ferroviaire et la loi d’orientation des mobilités. Nous devons tenir l’engagement pris devant les Français d’une offre de transport en tout point du territoire et à la hauteur de nos objectifs écologiques.

La crise économique majeure qui frappe nos entreprises de transports ne doit pas se traduire par un abandon de leurs engagements environnementaux. Très affaiblies par plusieurs semaines d’interruption, elles devront affronter une baisse de fréquentation inévitable à court et moyen terme, et de nouveaux coûts liés à la protection sanitaire. Bien sûr, l’Europe, la France et les territoires doivent les aider à se relever, mais sans sacrifier la transition écologique dans laquelle elles s’étaient engagées. Si une nouvelle fiscalité verte est difficilement envisageable dans ce contexte délicat, il nous faut exiger des contreparties environnementales et sociales fortes, notamment dans le secteur aérien et maritime.

Enfin, nous ne ferons pas l’économie d’une réflexion profonde sur nos déplacements, subis comme choisis. Qu’il s’agisse des mobilités du quotidien ou des flux longue distance, l’hypermobilité « low cost » a un coût sanitaire, social et environnemental dont nous mesurons aujourd’hui tragiquement l’ampleur. La crise des gilets jaunes nous invitait déjà il y a quelques mois à repenser l’aménagement de notre territoire, l’étalement urbain, nos modes de déplacements et de consommation. Cette épidémie nous y oblige, plus que jamais. »