Tribune : La mobilité, une impérieuse nécessité (Le Trombinoscope)

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Dans le cadre du numéro spécial Mobilités de la revue Le Trombinoscope, je signe une tribune sur la loi d’orientation sur les mobilités (LOM) qui sera débattue à l’automne prochain à l’Assemblée nationale. Retrouvez-en le texte ci-dessous, ainsi que l’ensemble du numéro en suivant ce lien.

TRIBUNE : La mobilité, une impérieuse nécessité

La mobilité n’est plus seulement un choix, elle est une impérieuse nécessité, une condition inhérente à l’insertion sociale et économique. Priorité quinquennale du Gouvernement, les transports du quotidien, ceux d’aujourd’hui comme ceux de demain, sont au cœur des débats. A cet égard, la future loi d’orientation sur les mobilités (LOM) représente une étape majeure de cette volonté politique, tant pour la qualité des infrastructures existantes et les projets structurants de nos territoires, que pour les usages nouveaux qu’il nous faut développer.

Après trop d’années de tergiversations, la LOM doit permettre à la représentation nationale d’opérer des choix clairs en matière d’aménagement du territoire et de financement de l’entretien comme du développement de nos infrastructures. Sans opposer les modes les uns aux autres, mais en misant, au contraire, sur la multi- et l’intermodalité que nos infrastructures, les pôles d’échanges, la tarification et la billettique doivent enfin favoriser. La LOM devra également moderniser le cadre législatif de nos transports et du partage de notre espace public, en l’adaptant aux nouveaux usages (covoiturage, autopartage, free floating…), en anticipant les innovations et les transports intelligents de demain, et en facilitant le recours aux outils de régulation du trafic.

Ce texte devra fixer les priorités d’investissements pour les décennies à venir, en s’appuyant sur des ressources financières solides et pérennes. A cet égard, point de tabou : la question de la tarification des infrastructures et de leurs usages, notamment par les véhicules poids lourds qui traversent notre pays, doit être posée. Le recours au péage urbain, actuellement expérimenté et avancé comme une option, appelle en revanche une réflexion quant à sa philosophie et ses impacts. Il existe bon nombre d’autres leviers d’action efficaces pour lutter contre la congestion urbaine que celui consistant à ériger une barrière financière et, de fait, une inégalité d’accès à la ville. Ces choix en appellent au sens de l’offre de mobilité et des relations entre usagers que nous voulons porter. Ils exigent aussi une réflexion de fond sur l’étalement urbain mais aussi sur la gestion des flux et des temps. Cela nécessite enfin, et surtout, une politique concertée des déplacements et du stationnement, qui ne peut plus s’envisager à la seule échelle de la commune ou de l’intercommunalité.

Les enjeux de désenclavement des territoires et de réduction des inégalités territoriales figureront également au cœur de la future loi. Comment permettre à nos concitoyens des zones peu denses, périurbaines comme rurales, d’accéder à une offre de mobilité régulière ? Rappelons que 80 % du territoire – représentant 30 % de la population dont le revenu est inférieur à la moyenne – n’est toujours pas couvert par une autorité organisatrice des transports. Les régions doivent pouvoir jouer un rôle clé dans la desserte de ces « zones blanches » où l’usage de l’automobile est rendu indispensable par les distances, la faiblesse de l’activité économique et des services de transport collectifs (54 % de leur population n’a pas d’arrêt de bus à moins de dix minutes du domicile). Il nousfaut pouvoir insuffler dans ces territoires de nouveaux modes, de nouveaux usages adaptés aux besoins (train, lignes de bus régulières, transport à la demande, covoiturage, autopartage, vélo) en s’appuyant sur des plateformes de mobilité capables d’intégrer cette offre multimodale et d’accompagner nos concitoyens.