Tribune : Parce que le plastique peut être dangereux pour la santé, je veux que la loi l’interdise dans les cantines (Le Huffington Post)

Dans les médias

Mobilisée depuis plusieurs mois sur la question de la santé de nos enfants, de la crèche à l’université, j’ai déposé un nouvel amendement au projet de loi dit « EGAlim » pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable qui entend mettre fin, à partir de 2025, à l’utilisation des contenants alimentaires en plastique dans les services de restauration collective scolaire.

Alors que débute cette semaine le débat en séance du projet de loi EGAlim, je publie une tribune dans Le Huffington Post qui rappelle que le contenu de l’assiette, sur lequel de nombreuses avancées sont contenues dans ce projet de loi, et tout aussi important que la qualité de l’assiette elle-même.

Retrouvez-en le texte ci-dessous ainsi que sur le site du Huffington Post :

 

TRIBUNE : Parce que le plastique peut être dangereux pour la santé, je veux que la loi l’interdise dans les cantines

Issu d’une concertation inédite de 5 mois menée dans le cadre des États généraux de l’alimentation, le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable (dit » EGAlim ») sera examiné en séance publique à compter de ce mardi 22 mai à l’Assemblée nationale.

Ce texte constitue une formidable opportunité de permettre à chacun d’accéder à une alimentation saine, sûre et durable, tout particulièrement dans la restauration collective. En matière de restauration scolaire notamment, il apporte des garanties inédites en termes de qualité des produits et de composition des repas servis, en prévoyant une part significative de produits issus de l’agriculture biologique, bénéficiant d’un écolabel ou encore issus d’une exploitation certifiée « Haute Valeur Environnementale ».

Mais ces avancées réelles sur le contenu de l’assiette de nos enfants ne doivent pas faire oublier les enjeux liés à l’assiette elle-même !

La qualité doit être au rendez-vous, tant pour le contenu que pour le contenant. Tel est le sens de l’amendement que j’ai porté devant les commissions du développement durable et des affaires économiques de l’Assemblée et que je défendrai dans l’hémicycle, visant à mettre un terme à l’utilisation des contenants alimentaires de cuisson, de réchauffe et de service en matière plastique dans la restauration scolaire, universitaire et des crèches.

Car les repas servis, aussi sains et qualitatifs soient-ils, peuvent comporter un risque pour la santé de nos enfants s’ils sont préparés, cuits, réchauffés et servis dans des contenants alimentaires en matière plastique. Des perturbateurs endocriniens peuvent en effet être libérés au cours de la préparation des repas comme le démontrait déjà l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) en 2015, cette migration étant favorisée par la chaleur, voire aggravée en cas d’usure des plastiques, selon plusieurs études.

Au-delà de l’enjeu nutritionnel des repas servis, il convient dès aujourd’hui de prendre toute la mesure du risque sanitaire lié au contenant alimentaire, tout particulièrement pour nos enfants. Pour s’en prémunir, il est de la responsabilité de la représentation nationale d’introduire dans la loi un principe de précaution pour nos plus jeunes générations et de contraindre nos collectivités à revenir à l’utilisation de matériaux inertes et durables tels que le verre, l’inox, la porcelaine mais aussi d’autres matériaux innovants qui pourront être développés.

L’enjeu environnemental est à la hauteur de l’enjeu sanitaire. Le plus souvent à usage unique, ces poches de cuisson et ces barquettes en plastique viennent ainsi augmenter la quantité de déchets générée par les services de restauration collective, pour des coûts de stockage, de traitement et de recyclage loin d’être neutres pour la collectivité. Après l’interdiction des sacs en plastique ou de la vaisselle jetable portée par mon collègue député François-Michel Lambert en 2015, cette interdiction du plastique dans la restauration scolaire représentera une nouvelle étape dans la trajectoire ambitieuse fixée par le Gouvernement en matière de développement durable et de réduction de déchets plastiques.

Donnons aux collectivités les moyens de s’adapter

Plusieurs collectivités locales, telles que les villes de Toulouse, Montpellier, Strasbourg, Bordeaux, Limoges, Montrouge dans ma circonscription, Les Sables-d’Olonne, et plus récemment celle de Paris, ont d’ores et déjà fait le choix de renoncer au plastique dans leurs services de restauration scolaire. Sans attendre la loi, elles ont intégré ce principe de précaution en préférant revenir à des matériaux inertes et durables. La question du coût, régulièrement avancée par les détracteurs de cette interdiction, n’est pourtant pas la bonne. Les exemples existants démontrent en effet que l’impact financier de cette décision est faible ou inexistant pour ces collectivités, qui ont pu dégager par ailleurs des économies, compte tenu de la diminution des coûts de collecte, de traitement ou de stockage des déchets et des gains réalisés sur l’achat de consommables (barquettes, films, vaisselle en plastique). De plus, loin d’être destructrice d’emplois, cette évolution législative renforcera les activités de production française de matériaux inertes et durables (verre, inox) et permettra également l’émergence de filières innovantes, comme à Limoges avec le lancement d’une porcelaine résistante aux chocs.

Notre environnement et la qualité de vie de nos concitoyens exigent des choix courageux et un volontarisme politique. Considérant que la solution qui a été proposée de l’expérimentation par quelques collectivités n’est pas à la hauteur des risques sanitaires et environnementaux, j’ai fait le choix de déposer un amendement qui tient compte des enjeux territoriaux et d’un calendrier adapté, mais qui ne recule pas devant l’impératif de protéger nos enfants et notre environnement.

Un choix politique fort pour nos enfants

Cosigné par près de 80 députés et soutenu par plusieurs groupes politiques, cet amendement est dans la droite ligne du combat mené par plusieurs associations, collectifs et scientifiques, mobilisés depuis plusieurs années pour interdire les contenants alimentaires en plastique. Les fédérations de parents d’élèves, les collectifs Cantine sans plastique, Zero Waste France, Surfrider Foundation, mais aussi des citoyens, parents ou non, et chercheurs, soutiennent cette démarche profondément citoyenne.

Saisissons-nous de la loi EGAlim pour franchir le pas : celui d’une alimentation plus saine et plus durable pour les plus jeunes générations, qui passe autant par l’assiette elle-même que son contenu ! L’adoption de mon amendement constituera je l’espère une première étape décisive et ambitieuse, vers l’extension à plus long terme de ce principe de précaution à toute la restauration collective : dans nos hôpitaux, nos EHPAD, nos prisons…