Allocation Adulte Handicapé : vers une déconjugalisation des ressources ? 

À l’Assemblée nationale
Allocation Adulte Handicapé : vers une déconjugalisation des ressources ? 

Aujourd’hui, plus de 12 millions de personnes se trouvent en situation de handicap en France. La revalorisation progressive de l’allocation adulte handicapé de 90€ d’ici 2019 est une mesure forte pour le million de Français qui perçoivent cette aide. Cependant, je suis attentive à la préservation de leur autonomie et au calcul de plus juste de cette allocation.

C’est la raison pour laquelle j’ai interrogé par voie de question écrite la Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, Sophie CLUZEL, sur la déconjugalisation des ressources prises en compte dans l’attribution de l’allocation adulte handicapé. Vous pouvez en retrouver le texte ci-dessous ainsi que sur le site de l’Assemblée nationale.

Question écrite :

Mme Laurianne Rossi interroge Mme la secrétaire d’État, auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées, sur les règles prévalant à l’attribution de l’allocation adulte handicapé (AAH). La France compte aujourd’hui 12 millions de personnes en situation de handicap. Les difficultés d’ordre économique et social quotidiennes auxquelles sont susceptibles de faire face ces citoyens sont connues. Nul(le) n’est à l’abri de se voir un jour confronté à une situation de handicap et la force de caractère, la combativité dont font preuve ces personnes au quotidien nous obligent. La revalorisation progressive de l’allocation adulte handicapé, de 90 euros d’ici 2019, dont bénéficie plus d’un million de citoyens, représente à cet égard une mesure forte portée par le Gouvernement. Pour autant, les critères d’attribution de cette allocation doivent interroger. Depuis la loi du 30 juin 1975 portant création de l’AAH, son montant est soumis à un plafond calculé sur la base des revenus du couple. Environ 25 % des bénéficiaires de l’AAH sont concernés à ce jour. Or adosser le montant de l’AAH au revenu du conjoint renvoie le bénéficiaire à sa situation de dépendance, peut limiter son autonomie financière voire remettre en cause son projet d’union. Par ailleurs, la revalorisation de l’AAH à partir de 2018 s’accompagnerait d’une baisse des plafonds de revenus des personnes vivant en couple, pour les rapprocher de ceux d’autres minima sociaux tel que le revenu de solidarité active (RSA). Or l’AAH, si elle est une prestation sociale, vient compenser un aléa personnel, souvent irrémédiable. Cette révision des plafonds de ressources conjugales pourrait ainsi conduire à l’annulation du bénéfice de la revalorisation de l’AAH pour les personnes vivant en couple. Ce dispositif, susceptible de renforcer l’inégalité de traitement entre les personnes en situation de handicap célibataires et celles vivant en couple ainsi que leur niveau de dépendance, serait vécu comme une profonde injustice par les concitoyens concernés. C’est pourquoi elle lui demande si le Gouvernement envisage d’une part la déconjugalisation des ressources prises en compte, que nombre d’associations et de parlementaires appellent de leurs vœux depuis de nombreuses années, et de revoir d’autre part le dispositif d’harmonisation des plafonds de ressources.

Réponse du Secrétariat d’État auprès du Premier ministre chargé des Personnes handicapées du 13 février 2018 :

L’allocation aux adultes handicapés (AAH) est un minimum social qui a pour but de garantir un minimum de ressources aux personnes handicapées. Il est un facteur déterminant de la solidarité nationale, ce qui justifie pleinement qu’il soit supporté par le budget de l’Etat. Il convient cependant de rappeler que la solidarité nationale s’articule légitimement avec les solidarités familiales. C’est à ce titre que le calcul de l’AAH, tout comme celui des autres minima sociaux, tient compte de l’ensemble des ressources du foyer de ses bénéficiaires, notamment celles issues du revenu du conjoint, du concubin ou du partenaire de pacte civil de solidarité, en cohérence avec l’objectif de ce minimum de lutter contre la pauvreté subie des personnes. Il convient de souligner que les règles de prise en compte de la situation familiale des bénéficiaires de l’AAH diffèrent de celles retenues pour d’autres minima sociaux. En effet, le minimum de ressources retenu pour un couple, qui est le double de celui retenu pour un célibataire handicapé, est supérieur à celui fixé pour le RSA (coefficient de 1,5). Le Gouvernement souhaite, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2018, ainsi accroître la cohérence entre ce plafond de ressources et celui des autres minima sociaux. Mais il demeurera plus favorable au regard de la prise en charge du handicap. Le coefficient multiplicateur sera ainsi de 190% en novembre 2018 et de 180% en novembre 2019. Cette baisse interviendra concomitamment avec la revalorisation exceptionnelle de l’allocation qui passera de 810,89 € actuellement à 860 € le 1er novembre 2018 et à 900 € le 1er novembre 2019. Les bénéficiaires de l’AAH qui vivent en couple ne seront donc pas pénalisés par la diminution de ce plafond. En parallèle le Gouvernement a accéléré le mouvement vers l’inclusion afin que de plus en plus de personnes handicapées tirent des ressources suffisantes de leur travail.

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